Issou : quand une commune des Yvelines est victime d’un cyber-harcèlement de masse

près seize mois, ces commerçants trouvent que la blague autour d’Issou et de Risitas (un acteur espagnol dont une vidéo est devenue virale, Ndlr) a assez duré. Leur commune, Issou, est en effet victime de harcèlement depuis qu’elle est devenue objet humoristique de certains forumeurs de la section 18 – 25 du site internet jeuxvideo.com.

Touchés financièrement par les détournements des informations présentes sur Google, ces petits patrons veulent porter plainte, la quatrième à ce sujet après des procédures des mairies d’Issou et de Gargenville, révèle ce jour La Gazette en Yvelines :

Pour certains commerçants, les conséquences de ces farces sont bien plus graves. Sur la place du Marché, Cécile Vallon avait 20 ans quand elle a ouvert, il y a sept ans, sa boutique de toilettage pour chiens et chats, une activité ayant un caractère saisonnier. « Cet été, ils ont mis sur Google ”fermé définitivement”, je l’ai vu fin août, rapporte-t-elle du pire des canulars l’ayant touchée. Je fais un hiver qui devrait être blindé, mais je n’ai eu aucun nouveau chiot. »

Elle décide alors de réagir : « Je n’étais pas touchée, je ne savais pas que les autres l’étaient, mais les autres commerçants avec qui j’étais en contact m’ont dit qu’ils étaient aussi concernés. » La jeune patronne découvre que de nombreux particuliers sont également visés. « Ils voient une piscine chez quelqu’un, ils mettent ”piscine municipale d’Issou”, alors les gens appellent, témoigne-t-elle. Des particuliers et la maternelle ont été transformés en restaurants. »

 

L’intérêt des forumeurs de jeuxvideo.com se manifeste à partir de juin 2016, avec d’innombrables canulars téléphoniques à la mairie. Début octobre 2016, ils franchissent une nouvelle limite en vandalisant les informations de très nombreux services en ligne. Certains résistent, mais pas Google, dont les informations relatives à Issou sont très largement modifiées dans un but humoristique, dévoile alors La Gazette en Yvelines :

Des commentaires très élogieux mais totalement absurdes fleurissent, et des photomontages insérant l’acteur espagnol apparaissent sur les différents points d’intérêt. La route départementale est renommée « Issou risitas », le parc du château devient celui « de la chancla ». Les détournements touchent également les communes voisines de Gargenville et de Porcheville.

Au-delà des bâtiments publics, plusieurs entreprises sont concernées par ce canular cartographique. « C’est étonnant, cette histoire », note la propriétaire de la « Pharmissou ». Au « Lidl Chez petit prolo », l’on sourit de la blague, jugée nettement plus inoffensive que le braquage vécu il y a une dizaine de jours. « Ca peut être gênant si les gens ne nous trouvent plus avec le nom de la société », observe-t-on quelques portes plus loin, chez Protherm isolation, devenu pendant quelques jours « Protherm issoulation ».

 
Un article du Parisien publié peu après rapporte l’affaire, et évoque, déjà, les problèmes rencontrés par certains commerçants :

« J’ai été piratée sur Internet : mon adresse et la photo de mon magasin ont été changées », raconte Murielle, propriétaire d’un salon de coiffure à Issou. Le 22 ter Route Nationale a été transformé en 22 ter rue Issou Risitas. Pour autant, la coiffeuse ne s’est rendu compte de l’histoire qu’à la mi-octobre.

Certes, elle avait bien reçu « un ou deux appels marrants mais rien de bien méchant ». Jusqu’au jour où les choses se sont corsées. « Une cliente m’a alertée. Elle avait vu annoncer, sur le Web, la fermeture définitive du magasin », se souvient la commerçante.
[…]
Pour enlever la fausse information, la coiffeuse a dû contacter Google pour qu’elle soit rapidement retirée. « Ça pouvait porter préjudice au commerce. Franchement, je ne vois pas quel est l’intérêt de faire ça ! », précise Murielle. 

 
En novembre 2017, c’est au tour de Rue89 de s’intéresser à l’affaire. La publication en ligne rapporte la continuation des canulars en mairie, plus d’un an après le début du « délire » des forumeurs :

L’indicatif des appels lui permet de penser que ceux qui composent le numéro de la mairie (des hommes, « à 99% ») sont originaires de toute la France. « Ce ne sont pas des appels insultants, mais déplacés », précise notre interlocutrice. « Certains jours, ils appellent dix fois de suite, entre deux cartes d’identité et un acte de naissance… C’est devenu compliqué de travailler. »

Une collaboratrice a même un jour été enregistrée au téléphone. Le canular a ensuite été diffusé sur Youtube. « C’était violent et ce n’est pas une ambiance de travail idéale », poursuit la directrice.

Les vagues d’appels et d’e-mails, qui se sont calmées en début d’année, reprennent de plus belle à certaines périodes, particulièrement pendant les vacances scolaires… « La semaine dernière, en un week-end, on a reçu 300 mails », rapporte la directrice, qui assure que tout est systématiquement transmis à la police.

SOURCE : TR 78CREDIT PHOTO : GOOGLE MAPS

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