Poissy : le maire Karl Olive ouvre une consultation pour la prison, ses futurs rivaux dénoncent « un simulacre de démocratie participative »

Le maire de Poissy Karl Olive (LR) n’est pas prêt à baisser les armes sur le sujet, devenu au fil de son mandat son cheval de bataille. Du 1er au 16 juin 2019, la maison centrale de Poissy fera l’objet d’une consultation numérique locale pour recueillir l’avis des Pisciacais : « Souhaitez-vous le maintien de la prison en centre-ville ? », demande ainsi la Ville à ses administrés.

Une consultation qui intervient alors que le mur d’enceinte de la rue des Ursulines s’est effondré le 28 mars dernier comme le rapportait alors La Gazette. Lors d’une récente visite à la maison centrale, la garde des Sceaux et ministre de la Justice Nicole Belloubet a fait part de la volonté de l’État de corriger le tir à travers un plan de rénovation globale de 60 millions d’euros.

Une annonce qui n’a pas fait reculer Karl Olive puisse qu’il réclame toujours son déménagement en périphérie de la commune arguant de la vétusté et du coût de la mise aux normes du bâtiment, mais aussi d’une opération financière intéressante pour l’État.

Pour appuyer cette démarche, le premier magistrat de la commune souhaite que cette question du déménagement de la prison soit validée par les Pisciacais par le biais d’un vote sur une application dédiée disponible sur l’Apple Store et Google Play sur Android :

Suite à l’effondrement d’une partie du mur d’enceinte de la Maison Centrale, la Ville organise une consultation numérique locale inédite du 1er au 16 juin. Les Pisciacais pourront s’exprimer sur l’avenir de la prison via l’application “Le Vote” d’Orange. « Malgré les avis défavorables des commissions de sécurité, malgré les courriers à la Chancellerie, rien n’a été fait pour cet édifice vieillissant. Nous avons évité un drame de justesse et ce n’est pas faute d’avoir alerté l’administration pénitentiaire, déplore le maire Karl Olive qui a renouvelé le 17 avril dernier auprès de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, lors de sa venue à la Maison Centrale, la demande de déménagement sur un autre site de Poissy.

Aujourd’hui, nous voulons des actes forts de la part de l’État dont nous attendons le schéma directeur pour la prison de Poissy depuis… 2007. Je rencontrerai la ministre de la Justice le 24 mai prochain pour lui faire des propositions de nouvelle implantation. Parallèlement, pour appuyer notre démarche, nous voulons aussi que cette question du déplacement de la Maison Centrale soit validée par les premiers acteurs, les Pisciacais. »

Pour mener cette consultation numérique, une première à Poissy, la Ville va s’appuyer sur l’application « Le Vote » d’Orange. Concrètement, après avoir téléchargé l’application « Le Vote » sur App Store ou Google Play, les Pisciacais âgés de 18 ans au moins pourront voter anonymement depuis leurs smartphones et/ou tablettes. Il leur sera demandé de scanner une pièce d’identité (carte nationale d’identité ou passeport). « Le vote débutera le samedi 1er juin à minuit et se terminera le dimanche 16 juin, avec la proclamation des résultats en Mairie à 11h », précise Karl Olive.

Pour les Pisciacaises et Pisciacais qui ne disposeraient pas des outils numériques adéquats, des tablettes seront mises à disposition durant la consultation dans les maisons de quartier, à la médiathèque, à l’espace jeunesse La Source, à la Maison bleue, la RPA Les Ursulines, le pôle social Simone-Veil aux horaires d’ouverture des structures.

« Si comme nous, les Pisciacais souhaitent le déménagement de la prison, le résultat de cette consultation nous donnera un poids supplémentaire dans nos échanges avec l’Etat. Nous pourrons également dès lors envisager, toujours en concertation avec les habitants, de nouvelles vocations pour ce site, imaginer l’aménagement d’un lieu de culture, d’un poumon vert en cœur de ville », conclut le maire Karl Olive.

De leur côté, le collectif Poissy Demain, avec à sa tête Nathalie Martin et Emeric Vallespi, et l’association Vivons notre ville (les deux organisations pourraient proposer une liste commune lors des prochaines élections municipales, Ndlr), dénoncent « un simulacre de démocratie participative » : 

Cette initiative intervient après deux tentatives infructueuses de sondages sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) au sujet de cette même question : « Poissy, souhaitez-vous le maintien de la prison en centre ville ? Oui / Non »
Les Pisciacais n’avaient pas manqué de souligner le caractère fallacieux de cette « consultation » :
• les canaux de diffusion étaient orientés (publication sur les comptes personnels du maire),
• il était possible de voter autant de fois que nous le souhaitions,
• sans parler de l’absence d’explication quant aux enjeux liés à l’une ou l’autre position. Visiblement, l’édile estimait pouvoir « consulter » sans informer au préalable.

Malgré ce premier échec, le maire n’a pas renoncé et est déterminé aujourd’hui à poursuivre ce simulacre de démocratie participative sur ce sujet bien pratique. Bien pratique puisqu’il s’apprête à « consulter » une troisième fois les Pisciacais sur une question pour laquelle il n’est pas décisionnaire […].

Cette « consultation » ne peut donc générer que des frustrations puisque le maire interroge les Pisciacais à propos d’un changement sur lequel il n’a aucun pouvoir.

L’éventuel déplacement de la prison est uniquement du ressort de l’État, qui a déjà fait connaître sa position : l’établissement sera rénové, un budget de 60 millions d’euros est annoncé, et demeurera en centre-ville.

L’État a sans doute pris sa décision en tenant compte d’arguments sociaux, patrimoniaux, historiques qui sont totalement occultés par le maire de Poissy : la majorité en place ne voit dans cet emplacement qu’une réserve de foncier de 4 hectares utile pour continuer la densification urbaine galopante.

Cette « consultation » est excluante puisque réservée à ceux qui maîtrisent les outils numériques mais qu’importe, puisque sa seule utilité, bien que financée sur fonds publics, est une nouvelle occasion pour le maire de Poissy, à un an des élections municipales, de tenter un coup d’éclat médiatique.

Nous refusons d’être instrumentalisés, de participer à cette mascarade et nous invitons les Pisciacais à faire de même et à réclamer de vrais dispositifs de démocratie participative […].

SOURCE : COMMUNIQUÉ DE PRESSECREDIT PHOTO : TR 78

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