Versailles : troisième saison sans aucun traitement (même bio) au Potager du roi

Dans une longue interview au blog Enlarge your Paris, le responsable du Potager du roi, Antoine Jacobsohn, explique que depuis trois ans, plus aucun traitement, conventionnel ou biologique, n’est appliqué par les jardiniers.

Les fruits et légumes sont ensuite vendus à l’accueil du Potager, permettant de couvrir 70 % du budget annuel. Le Potager est ouvert toute l’année à la visite pour 4,50 euros en semaine, et 7 euros le week-end :

Quelle est l’ambition de Louis XIV lorsqu’il fait aménager ce potager ?

Antoine Jacobsohn : Son ambition est la même que pour la totalité du site de Versailles et se résume en un mot : impressionner. Dès le début, la mission du potager est de produire fruits et légumes pour garnir la table du roi tout en offrant un lieu de promenade unique en son genre. Bien entendu, seuls les plus beaux produits étaient servis au roi et à sa famille. S’organisait aussi une revente aux portes du palais. Quant aux produits trop moches, ils étaient distribués à la population de Versailles. Sur les plans du parc, on retrouve d’ailleurs indiqué “la porte de distribution aux pauvres”. Créé par Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), ce jardin était doté d’une douzaine de jardiniers permanents.
 
Qu’avez-vous préservé, ou au contraire écarté, des méthodes de La Quintinie ?

Nous suivons le même esprit expérimental qu’à l’époque. C’est notre troisième saison d’absence totale de traitements, même biologiques. Sur un coup de tête collectif, nous avons décidé d’arrêter les pulvérisations car jusqu’alors il s’agissait seulement de remplacer un produit chimique par un produit bio, mais la logique de culture restait identique.

C’est une décision difficile à assumer, certains arbres en meurent. C’est la difficulté pour nos jardiniers depuis que nous ne traitons plus du tout. Ils font avec ce que la nature leur accorde. Cependant, il faut passer par cette période de transition pour instaurer un nouveau système de culture.

Nous utilisons uniquement les insectes grâce à des méthodes de biocontrôle. On les piège pour les réintroduire là où nous le souhaitons. Je ne cherche pas à prouver que ce modèle est meilleur. J’essaie juste une alternative et ce sera peut-être un échec.

La Quintinie a suivi le principe de la monoculture, c’est à dire que chaque espèce habitait sa propre parcelle de terre sans connexion avec les autres. De nos jours, on repense cette longue tradition en évoluant vers la permaculture, où les espèces partagent le même espace, s’auto-nourrissent et permettent ainsi de produire plus sur une moindre surface.

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