Poissy : depuis 2010 à la prison, des détenus rencontrent des victimes

Une expérimentation de justice restaurative, mise en place il y a huit ans à la maison centrale de Poissy, continue d’intéresser les médias. Le 3 février dernier, un reportage de France Inter s’est intéressé à ces rencontres entre détenus et victimes, organisées par l’administration pénitentiaire et France victime, fédération d’associations d’aide aux victimes.

Les 230 détenus de la prison ont tous été condamnés à des peines d’au moins 20 ans de réclusion. Tous les lundis pendant cinq à six semaines, quelques-uns rencontrent des victimes et des proches de victimes. Si les prisonniers ne rencontrent pas leurs propres victimes, celles qui participent ont été concernées par des crimes proches ou identiques à ceux qu’ils ont commis.

Seule une partie d’entre eux participe à ce programme, qui montrerait une certaine efficacité, notamment au niveau de l’agressivité ambiante, explique au micro de France Inter la directrice en charge des activités, du travail et de la formation professionnelle :

Ce sont des détenus qui ont accepté leurs incarcérations, qui ont reconnu les faits et ont commencé à travailler sur leur passage à l’acte. On est vigilant sur le choix de ceux qui participent. On voit un impact positif sur les détenus qui participent à ce dispositif.

 

En 2016, un reportage du Monde Diplomatique s’attachait également à l’expérience menée à la maison centrale de Poissy, notamment à travers les témoignages de victimes et de détenus, qui tous apprécient ces sessions d’échange :

« Quand les détenus sont entrés, ils sont venus vers moi, s’efforçant de sourire. Le premier m’a tendu la main. Je l’ai serrée, naturellement. » Elle-même surprise de son geste, la sexagénaire avoue : « On n’a pas vu entrer des criminels. C’étaient de jeunes hommes. » Marie-José a perdu sa fille de 9 ans, enlevée puis assassinée, en 1988.

En face d’elle, Rémi (son nom a été modifié, Ndlr) a été condamné à la perpétuité et a déjà passé douze ans derrière les barreaux. « Pour moi, c’était l’occasion d’être écouté, ce qui n’était pas forcément possible au moment du procès. J’avais cette envie de pouvoir dire ce que j’avais sur le cœur », nous explique, six ans après, ce détenu bientôt doctorant en philosophie.

 

Ces rencontres entre détenus et victimes ne sont pas la seule expérience carcérale menée à la prison de Poissy. Il y a un an et demi, RTL rapportait ainsi l’essai du « régime différencié » concernant une dizaine de détenus disposant d’un peu plus de liberté que les autres pendant la journée :

Tous ont reçu la clé de leur propre cellule : toute la journée, de 7h à 19h, ils sont libres de leurs mouvements au sein – et uniquement – au sein de cette coursive de quelques mètres. Une liberté relative, puisque les surveillants ont, bien sûr, toujours le double. Un dispositif inédit en France, qui s’inspire d’un modèle quasiment généralisé dans les prisons espagnoles depuis une dizaine d’années.

SOURCE : FRANCE INTER / LE MONDE DIPLOMATIQUE / RTLCREDIT PHOTO : TR 78

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