Méricourt : mer de déchets, le député mène l’enquête, l’Etat répond confusément

Vendredi, le maire de Méricourt Philippe Geslan (SE) annonçait l’accumulation de 200 tonnes de déchets flottant en amont des écluses, une quantité exceptionnelle liée à la crue (photo). Ce mardi matin, les déchets ont pourtant complètement disparu.

Voies navigables de France, qui s’était engagé à nettoyer avant l’ouverture des écluses, indique n’avoir fait ni l’un, ni l’autre. En attendant, les déchets ne sont plus là, les maires des communes situées en aval affirment au Parisien avoir vu beaucoup de déchets défiler en Seine dimanche, et le bateau nettoyeur vient d’arriver sur place…

Cet après-midi, le député de la circonscription, Bruno Millenne (Modem), très actif sur le sujet, a interrogé le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, tant sur l’épineuse question des déchets terminant en Seine qu’à propos de l’origine de cette mystérieuse disparition de cette masse d’ordures accumulées, après avoir brièvement évoqué les images de solidarité pendant la crue :

Depuis quelques jours, Monsieur le ministre, c’est une autre image que nous avons à l’esprit et qui nous rappelle une problématique environnementale de grande ampleur, celle de la pollution fluviale, et dans ce cas précis, de la pollution de la Seine.

Cette image de Méricourt, dans les Yvelines, a fait le tour des réseaux sociaux et des médias depuis trois jours. Elles nous montrent 200 tonnes de déchets agglutinés sur 8000 m², et ce n’est évidemment que la surface visible de l’iceberg.

Alerté par le maire de Méricourt Philippe Geslan, à qui j’apporte mon soutien total, je me suis rendu sur place pour constater de visu ce phénomène de pollution. C’est un problème récurrent, certes aggravé par les crues, mais auquel les pouvoirs publics ne peuvent rester insensibles.

Présent sur place, VNF, qui est responsable de la gestion du domaine fluvial, s’est engagé à recueillir les déchets dans la semaine, et bien évidemment à ne pas ouvrir les écluses, pour ne pas laisser défiler ces déchets en aval du fleuve.

Or je reviens tout juste de Méricourt, les déchets ont disparu : où sont passées les 200 tonnes ? Nous savons que VNF n’a pas procédé au nettoyage, nous nous interrogeons et nous sommes très inquiets.

Les collectivités concernées, des communes à la Région Île-de-France, qui s’apprêtent à débloquer des aides substantielles, sont prêtes à réunir les acteurs autour de la table pour définir un partenariat équilibré et proposer des solutions.

Avec VNF et l’Etat, nous pourrions, par voie expérimentale, identifier les principaux points noirs de retenue de déchets et les traiter préventivement. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous assurer que le gouvernement prend pleine conscience de la gravité de la situation face à cette crise locale et nationale ?

 

Face à lui, c’est Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot, qui prend la parole (vidéo ci-dessous). Sa réponse se montre cependant plutôt confuse, car l’on ne saura pas quelle est la réalité méricourtoise. Brune Poirson lui affirme en effet que « VNF a fait appel à des prestataires » pour nettoyer mais aussi « qu’aucun lâcher de déchets » n’a été fait par ouverture des écluses à Méricourt.
 


 

Pourtant, plus tôt dans la journée, VNF a démenti tant d’avoir ouvert les écluses que d’avoir déjà réalisé un nettoyage, auprès de différents médias. Voici la réponse quasi-intégrale fournie à l’Assemblée nationale par Brune Poirson :

Les inondations et les catastrophes naturelles, de manière générale, se traduisent souvent, et c’est évidemment extrêmement regrettable, par des flux de déchets qui sont charriés par les flots.

Ces déchets sont souvent stoppés par des écluses et, sur la Seine, deux points importants sur lesquels ils s’accumulent, à Suresnes, et de façon plus spectaculaire, comme vous l’avez souligné, à Méricourt.

Ils nous rappellent évidemment l’importance de traiter ces déchets avec la meilleure gestion possible en amont, mais ils requièrent dans l’immédiat, aujourd’hui, dans la semaine, des mesures d’urgence, des mesures spécifiques d’enlèvement et de traitement.

VNF s’est mobilisée pour assurer l’enlèvement de l’ensemble de ces déchets avant la réouverture des écluses, et VNF a ainsi fait appel à des prestataires pour un coût de plus de 120 000 euros. Au moment de la décrue, des opérations de nettoyage des berges seront également à prévoir, et VNF s’associera avec les acteurs concernés pour y participer.

En amont des écluses de Méricourt, et comme vous l’avez souligné malheureusement, les déchets se sont accumulés sur une distance de 50 m de long, 25 m de large et 40 cm de profondeur. Mais soyez bien assuré, Monsieur le député, qu’aucun lâcher de déchets n’a pu être effectué, et que nous prenons pleinement la mesure de la situation.

 

Le député Modem reste visiblement sceptique quant à une disparition « naturelle » de ces 200 tonnes de déchets divers, à en croire ce tweet juste publié rapportant, photo à l’appui, l’arrivée au barrage de Méricourt de la péniche ramasseuse de déchets ce mardi après-midi :

SOURCE : TR 78 / LE PARISIENCREDIT PHOTO : TR 78

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